Emmanuelle Cuau – « Pris de Court »

Il aura fallu attendre 10 ans pour retrouver Emmanuelle Cuau en salles après le brillant Très bien, merci. C’est chose faite, grâce à Pris de court où elle retrouve Gilbert Melki – dans un rôle secondaire, cette fois-ci – et avec toujours un « what if… » de départ tout aussi stimulant que dans son film de 2007, confirmant sa place à part dans le cinéma français.  En effet, sa comédie politique, Très bien merci, partait d’une bifurcation : et si un citoyen, interprèté par pis-de-court-3Gilbert Melki, intervenait lors d’un contrôle policier, qu’adviendrait-il ? Le film allait loin. Pris de court part aussi d’une hypothèse sujette à bascule, tout en demeurant beaucoup plus minimaliste. Le « Et si… » initial soulève une question éthique : et si le mensonge générait une avalanche de situations mal aisées ? Soit, Nathalie, veuve, maman d’un garçonnet de huit ans et d’un adolescent de 15 ans, débarquant à Paris pour travailler dans son domaine : la joaillerie. Sauf qu’elle apprend in extremis qu’elle n’a pas le poste promis, n‘arrive pas à le dire à ses enfants…. S’ensuit un engrenage…

pris-de-court-2La réalisatrice qualifie son film de « thriller familial », appellation tout à fait adéquate. Voilà ce qu’en dit Emmanuelle Cuau: « C’était important pour ma co-scénariste, Raphaëlle Valbrune, et moi de ne jamais perdre de vue que l’on racontait une famille. Ce n’est pas : Nathalie, une mère courage, mais une mère et ses enfants. On essayait toujours d’en revenir à ça, à eux trois, à ce qui les lie. » Cet aspect « thriller familial » est une des singularités de ce film, sobre jusqu’à l’épure, tendu sans jamais chercher l’effet ou le sensationnel. C’est là, sa force. Pris de court est une immersion dans une tension contagieuse, à la fois universelle : la peur du rejet et des dettes est singulière : l’épreuve que traverse Nathalie et ses fils. Comme d’habitude, Virginie Efira porte solidement le rôle. Ses partenaires, même aussi jeunes, se montrent à sa taille.

pris-de-court-1Un film singulier de par sa simplicité apparente, son sens du suspense et le regard empathique d’Emmanuelle Cuau sur ses personnages. Une expérience à la fois organique : nous partageons la tension de la petite famille : avec une certaine distance. Froideur, non ? Disons, plutôt pudeur, élégance, refus de l’épate.On espère de tout cœur ne pas avoir attendre aussi longtemps un quatrième long-métrage de la talentueuse et originale réalisatrice.

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