Nassima Guessoum – « 10949 femmes » / Entretien avec la cinéaste

Après des études en histoire du monde arabe à la Sorbonne, Nassima Guessoum se lance dans un master 2 en cinéma documentaire. Elle travaille ensuite dans la production ou comme assistante réalisatrice sur des documentaires sans toutefois réellement trouver sa place. Surtout attirée par la réalisation, elle signe un premier court métrage documentaire à la fin de ses études. Avec 10949 femmes, elle met en scène un documentaire qui aborde d’un point de vue original un aspect méconnu de la guerre d’Algérie. À travers le portrait d’une moujahidate, Nassima Guessoum réalise un film sur la mémoire et la transmission, sur l’Histoire et sa construction.

Nassima Hablal a combattu durant la guerre d’Algérie dans les rangs du FLN, aux côtés de 10948 autres femmes. La réalisatrice Nassima Guessoum va à sa rencontre et la filme chez elle, dans son intimité, avec ses amies, pour l’écouter lui raconter son histoire, l’entendre lui confier ses souvenirs et ses regrets.

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Documentaire libre, œuvre féministe et portrait intime, 10949 femmes est tout cela à la fois, un film dans lequel la petite et la grande histoire, le passé et le présent se rencontrent autour d’un café, d’une table de salon ou dans une cuisine. Nassima Guessoum, tout entière vouée à son sujet, ne cherche pas forcément le beau cadre ou la belle image. Le filmage, naturaliste et au plus près de Nassima Hablal, révèle une véritable héroïne romantique, vivante et solitaire, tour à tour joyeuse et émouvante.

La mise en scène de Nassima Guessoum, comme affranchie de toute contrainte formelle, est à l’image de sa protagoniste : Nassima Hablal apparaît comme une femme libre, comme une combattante qui continue d’affronter la vie et ses obstacles. 10949 femmes dresse le portrait d’une dame au crépuscule de sa vie qui, même si elle en a trop vu, continue d’être joyeuse, d’exister envers et contre tout.

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Sous une apparente simplicité, se dessinent une certaine complexité ainsi qu’une multitude de thèmes. 10949 femmes propose aussi une réflexion sur le cinéma et le rôle des images. Sur la façon dont elles montrent les choses et peuvent construire l’Histoire. Aux images télévisuels qui mettent en avant le rôle des hommes dans la guerre d’Algérie et ses commémorations, Nassima Guessoum oppose le rôle des femmes dans le conflit, par le témoignage de son héroïne, mais aussi par ceux de certaines de ses amies ou camarades de prison. Le film alterne les moments joyeux, les instants complices entre la réalisatrice et Nassima Hablal avec d’autres passages plus graves qui évoquent la torture, la mort et la manipulation.

Avec ce retour sur la guerre d’Algérie, Nassima Guessoum signe une ode aux femmes pleine de pudeur, qui donne la parole à ces oubliées de l’Histoire, traversée par des notes d’humour et de mélancolie.

Pour cette raison, Culturopoing décide de laisser Nassima Guessoum parler elle-même de son film…

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Entretien avec la cinéaste Nassima Guessoum

Comment avez-vous rencontré Nassima Hablal ?

Je l’ai cherchée, ce n’est pas une rencontre fortuite, je voulais faire un film sur les femmes dans la révolution algérienne, donc j’ai fait des recherches. Je me suis d’abord documentée, j’ai lu, vu des films de fiction, des documentaires sur la guerre d’indépendance en Algérie, sur l’Algérie. Quand je suis allée en repérages, j’ai rencontré plusieurs femmes, mais par rapport au projet de film que j’avais écrit et dont j’avais envie, toutes ne correspondaient pas aux personnages que j’avais imaginé, non pas en tant que personne, les moujahidate (anciennes combattantes) que j’ai rencontré avaient toutes des histoires passionnantes, mais c’est un peu comme « un casting », j’avais imaginé comment raconter cette histoire, et le rôle ne pouvait pas être « joué » par tout le monde.

Le dispositif que je souhaitais mettre en place, et auquel je tenais particulièrement, reposait sur la possibilité de créer un lien symboliquement filial, mais donc d’avoir une vraie relation, soit un engagement, une envie de se raconter très librement et de jouer ce jeu.

Une amie journaliste en Algérie m’avait parlé de Nassima Hablal et je l’ai rencontrée presque à la fin de mes repérages, parce qu’elle vivait retirée, n’avait pas de téléphone. Donc j’ai « débarqué » chez elle, j’ai toqué à la porte qui était entrouverte et elle m’a reçue, aussi chaleureusement et humblement que vous la voyez. J’avais perçu déjà son potentiel romanesque, sa capacité à se projeter de cette manière dans le film.

C’était en 2007, je suis retournée la voir avant de commencer un premier tournage en 2009. Je l’ai filmée jusqu’en 2013.

Je ne pensais pas qu’il prendrait autant de temps, mais quand je rentrai avec la matière que les rushes me donnaient, je savais que le film, un peu comme le bon vin, prenait une saveur différente, racontait davantage et prenait de la force encore le temps.

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Qu’est-ce qui vous a amené à la filmer ? Pourquoi elle ?

L’idée que j’avais pour le film était d’une part de chercher une forme narrative différente pour raconter la guerre et me détacher des documentaires qui alternent images d’archives et témoignages. Raconter cette guerre du côté algérien d’une part, c’est parler d’une révolution, d’un processus, d’un engagement politique et c’est représenter ces militants, les incarner, ne pas les dissoudre dans un sigle le FLN, qui reste quelque chose de puissamment violent dans l’imaginaire en France et rejeté. Comment entendre donc le récit Algérien ?

Comment faire ? C’est l’identification qui permet cela. Donc, comme pour moi, j’avais besoin en tant que franco-algérienne, en tant que femme, de trouver une figure d’identification. Je supposais, et je crois que je ne me suis pas trompée, que le spectateur pourrait aussi s’identifier ou y retrouver sa propre grand-mère.

Ensuite, je ne voulais pas tomber dans le mythe, au contraire, de ce que je percevais de l’histoire officielle en Algérie, telle qu’elle est transmise dans ce que l’ont peut qualifier de roman national (tous les pays en ont un, qu’il fabrique, avec ses héros, etc.), je voulais me détacher des re-présentations des femmes dans la guerre.

La « soeur » qui héroïquement combat aux côtés de ses frères en armes, « la mère » qui cherche son fils… Je ne voulais pas tomber là-dedans, parce que dans le mythe, il y a une part qui efface la réalité. Et cet effacement est très grave en Algérie.

Donc, pourquoi elle ? Parce que principalement, elle était capable dans sa personnalité, dans son parcours militant et dans la distance qu’elle a, dans sa générosité et dans l’engagement qu’elle prend dans le film, de dépasser ses deux limites et de prendre en charge un récit d’une façon originale. Pour résumer, elle avait compris de façon tacite l’enjeu du film et cela était important pour elle, que la relation était donc possible parce que nous étions sur la même longueur d’ondes.

Sans compter qu’elle avait tous les attributs pour être un personnage captivant dans un film : le charisme, l’histoire personnelle, la légèreté, la joie, le tragique, qui se dévoilent dans le temps.

Elle en parle dans le film, le fait que vous ayez le même prénom a-t-il été déterminant dans votre rencontre, la relation que vous entreteniez ?

Je ne sais pas s’il a été déterminant pour elle, pour moi pas du tout, enfin consciemment. Quand vous avez une telle femme devant vous, qu’elle s’appelle Nassima ou pas, importe peu. Son charisme, sa détermination, sa joie, sa mélancolie, sa manière de raconter…

En revanche, dans ce passage qui intervient comme le dernier dialogue, elle revient presque à son origine, et raconte comment sa mère l’a prénommée Nassima, en disant que personne ne s’appelait comme cela à l’époque, de fait elle «  se désigne » comme une pionnière et conclue sa vie « en fait, de Nassima, j’en ai vu, j’ai eu une vie de patachon ».

Puis, elle me renvoie la question, «  et vous », je réponds et moi quoi ? «  Comment on a décidé de vous appeler Nassima ? » Est-ce que ma mère a fait un rêve ? Je ne sais pas. Et elle termine : « il faut lui demander ». L’idée c’est qu’en fait après toutes ces années passées à s’entretenir, à l’interroger sur le passé de l’Algérie, des origines, d’une partie de mon identité, elle me renvoie à moi, à un nom à une autre filiation, celle qui n’est plus fictionnelle, mais bien mon nom, et en quelque sorte me dit de poursuivre cette quête en questionnant mes parents. C’est un film sur la transmission et elle m’y renvoie autant qu’elle renvoie le spectateur à cette question du nom, de la généalogie et de l’origine.

Comme je vous l’ai dit plus haut, la relation est un le socle du film, elle se construit dans le temps et s’épanouit grâce à des affinités communes, à de l’affection qui naît. Je ne crois pas être capable de filmer, pour le moment, des gens sans les aimer.

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À quel moment le film a-t-il pris réellement forme ? Aviez-vous une idée précise de ce que vous vouliez au tournage ou est-ce qu’il a pris une autre direction au montage ?

Oui, au tournage, j’avais une idée précise, deux choses ont évolué au montage.

Le principe de la conversation au quotidien, de faire le récit autour d’un rendez-vous café, ou déjeuner, était décidé depuis le départ, je me définissais comme l’invitée familière.
J’avais vu un film que j’aime beaucoup de l’actrice Hélene Lapiower, Petites conversations familiales, qui interroge sa famille, sur l’identité, et notamment son identité juive à travers plusieurs membres dispersés dans le monde, Paris, Pologne, les USA.

Pour 10949 femmes, Les 3/4 du film sont très proches de la forme imaginée à l’écriture.

Je me refusais pendant le tournage à l’évidence que Nassima devait être l’unique personnage, je partais sur l’idée de faire trois portraits, et que Nassima était le lien.

Donc, au montage, j’ai renoncé à pas mal de personnages secondaires, qui se situaient hors de la relation ou trop éloignés du récit central du film.

Votre film est dénué d’effets, d’artifices, on peut dire que c’est filmé à hauteur de femmes…

Oui, l’idée d’une image brute, que nous avons même accentuée à l’étalonnage, en rajoutant du grain à l’image, en prenant le partie de faire de cette image, qui devient une archive elle-même, convient à l’idée de départ. Il n’y a pas de volonté d’embellir, j’avais décidé de tourner seule, sans lumière, avec le décor naturel, de façon aussi à ne perturber ni la relation ni Nassima. Je n’allais pas lui imposer, vu son âge, puis sa fatigue, la lourdeur d’une installation qui la contiendrait dans un cadre strict et donc deviendrait une contrainte. Il est vrai que nous sommes assises, au même niveau, c’est un dialogue. Je savais aussi que c’était quelqu’un qui avait été marginalisée politiquement et que la grande liberté qu’elle avait aussi en tant que femme, que sa parole n’avait pas été entendue. Je ne voulais ni la brimer dans sa façon d’être ou de penser. Je voulais qu’elle soit à l’aise, évolue à sa guise.

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Justement, en opposition de cette volonté de faire brute, le format change, passe du 1,37 au 1,85 (ou approximativement). Bien sûr, il y a l’évolution de la technologie, l’utilisation de plusieurs caméras, mais n’aviez-vous pas peur d’aller à l’encontre de votre volonté esthétique ? Ou cela est-il aussi un marqueur de temps, une mise en scène qui montre l’évolution de Nassima Hablal ainsi que de votre relation ?

Il y en a 3 précisément : 1,37, 1/77 ou 16/9 et 1:85 et le film est en 1:85.

Oui, ces trois formats sont un marqueur de temps, qui marquent l’évolution de la relation et des changements de Nassima, elle vieillit, perd son fils. Au début, il n’y a que deux formats et en ajouter un troisième vient renforcer cette idée. Donc, pour le 1:85, pas de « contradiction esthétique » à mon sens.

Le choix de filmer en 1:85 les séquences en dehors de la relation est un choix. J’ai expliqué qu’ici, c’est une autre narration, un récit totalement différent. Non seulement les récits et mises en scène sont différents, mais pour ce qui concerne les séquences dans la maison, Nassima est absente, en réel ou « imaginairement » comme tel.

Ensuite sur les images en 16/9, nous avons ajouté encore du grain à l’image pour rester dans l’esprit de l’archive, mais il marque une évolution tout de même.

Avez-vous eu des difficultés à produire le film et trouver un distributeur ? Si oui, lesquelles ?

Alors, je n’avais pas de souci pour ce qui concerne le projet écrit, j’ai eu les bourses d’écriture et de développement, plusieurs propositions de producteurs, mais le stade des chaînes de télé bloquait, le sujet, le traitement, le premier film etc. J’ai eu plusieurs boîtes de productions, j’en ai changé. Le souci n’était pas de trouver un producteur, mais trouver celui qui arriverait à convaincre les chaînes de télévisions de le produire, or là-dessus, c’est une autre question, qui à mon sens est à la fois financière et politique.

Et puis, regardez la programmation de la chaîne Histoire de la semaine sur la « guerre d’Algérie », là en ce moment, c’est effarant. Centrée Algérie française, avec des films comme Les dieux ne meurent jamais sur les soldats français, tout un programme. Vous comprendrez que le mien avait du mal à trouver preneur sur le PAF. J’aurai beaucoup à dire là-dessus, beaucoup beaucoup sur le monopole d’un récit de cette guerre…

Bref, après je suis passée par le GREC, groupe de recherches et d’études cinématographiques, où vous disposez d’une bourse pour faire le film. je ne voulais pas de co-financement en Algérie, parce que je ne voulais pas avoir de compte à rendre, dans le sens où un scénario détaillé devait correspondre à des attentes. Donc ce n’était pas facile. Oui, j’y ai mis de ma poche, mais même avec le GREC, on a eu d’autres financements qui ont couvert les dépenses jusqu’à la post-production complète du film.

Le film a eu un parcours en festival d’abord à l’international qui m’a agréablement surprise, autant sur le continent africain, il était dans la sélection officielle du Fespaco, où il a reçu le Grand prix des journées cinématographiques d’Alger, que dans le monde arabe, mais pas seulement. En Italie, il a été diffusé plusieurs fois, il a reçu plusieurs mention du jury, en Amérique Latine, en Chine. Ce qui m’a frappé, c’est l’écho aussi bien dans les pays qui ont connu une guerre d’indépendance que ceux qui ont connu aussi des mouvements politiques d’émancipation. Mais parmi le public, l’histoire de la résistance et celle des femmes en particulier résonne au-delà de la particularité de l’histoire franco-algérienne.

Le film a ensuite été demandé dans les festivals en France, après avoir circulé à l’étranger. Ca me fichait mal d’ailleurs. Mais le bouche à oreille lui a permis d’être par la suite bien diffusé en festivals en France.

Je n’ai pas cherché de distributeur, je n’imaginais pas cela, ni la production d’ailleurs, mais Jacques Choukroun avec les films des deux rives, petit distributeur indépendant et militant, a craqué sur le film et a un lien très fort avec l’Algérie, il est Algérien.

Il connaît aussi la valeur même de document que représente le film.

Le CNC ne nous a pas donné d’aide à la distribution, donc, là aussi, le distributeur prend un risque.

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Comment expliquez-vous cet aspect méconnu de la guerre d’Algérie, l’histoire de ces femmes ?

Ce sont les hommes qui écrivent l’histoire, non ? Il pleut des livres de témoignages qui racontent leurs faits d’armes, vous avez la version du Général Massu, la version de Yacef Saadi et tant d’autres…  Très peu de femmes. Et lorsqu’elles racontent, elles rechignent encore à vraiment dire ce qu’elles faisaient, elles ne font pas dans la surenchère. On peut dire que dans toutes les révolutions, ou toutes les résistances, on retrouve cette attitude chez les femmes. C’est la même chose à Cuba, ou dans d’autres pays qui ont mené des résistances anti-coloniales ou contre un pouvoir en place. Regardez en Amérique Latine. Même en France, pendant la résistance, combien de femmes pouvez-vous citer ? Deux ou trois. Savez-vous exactement ce qu’elles ont fait ? On les présente comme les femmes « de », comme Lucie Aubrac. Quand vous lisez les ouvrages de Germaine Tillion, sur le réseau Musée de l’homme, il y a au moins une quinzaine de femmes. Personne ne les connaît à part les chercheurs, et dans ces livres, Germaine Tillion dit rarement ce qu’elle a fait précisément.

Après, en Algérie, il y a quelques figures qui sont valorisées, ce sont essentiellement celles que l’on voit sur les tableaux, celles qui ont pris les armes, appartenues aux commando de choc, dans la bataille d’Alger, ou les martyres, celles qui sont mortes, comme la jeune Malika Gaïd, morte au combat. On valorise peu l’action politique, c’est l’action armée qui est survalorisée, alors que dans les faits, 90 % de ces femmes dans un contexte de guerilla, n’avaient pas d’arme. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne risquaient pas autant sinon pire.

Alors pourquoi on ne connaît pas cet aspect en France ? La question est vaste, très vaste, on connaît à peine celle du FLN, du PPA ou de toute l’histoire de l’Algérie même coloniale.

Alors les femmes… Tout est politique, même et surtout l’éducation nationale.

On n’étudie pas l’histoire de l’Algérie, même coloniale. Il reste à mon sens, un aspect qui n’est pas digéré et qui reste encore cloisonné dans l’Algérie Française.

Les hommes sont (presque) absents de votre film sauf via des portraits ou l’écran de télévision…

C’est un choix délibéré, je les place, dans la re-présentation, ils font partie, pas tous bien sûr, de l’Histoire officielle, celle de la télévision unique, celle des musées, comme certaines femmes, d’ailleurs.

Exceptés trois d’entre eux qui sont en photos : Abane Ramdane, Larbi Ben Mehdi et Mohammed Ben Mokkadem, le mari de Nassima Hablal. Ils sont tous morts, se sont des héros : Larbi Ben Mehdi, tué par l’armée après avoir été capturé, certainement avec la complicité directe d’Aussaresse, il est un peu le « Che » Algérien ; et l’autre, Abane Ramdane, tué par d’autres leaders du FLN. Enfin, le mari de Nassima, ancien bras droit de Abane et opposant politique après l’indépendance. Ils sont tous, en quelque sorte, « des héros vaincus ». Je ne parle pas du point de vue des idées. Ces photos sont des archives personnelles de Nassima.

Ensuite, je ne voulais pas rentrer dans un film didactique, j’avais rencontré et filmé des hommes qui parlaient des femmes, mais au final cela ne rentrait pas dans le film.

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En opposition, les femmes dont parle le film sont absentes des reportages de commémoration sur la guerre, mais présentes sur le vitrail d’un monument, combattants aux côtés des hommes…

Oui , elle est dans une re-présentation figée, une image « La femme » muséifiée sur le vitrail, sur les portraits, en petites figurines, mais Nassima, Baya et Nelly sont bien incarnées.

Il s’agit d’un film sur la transmission, d’un dialogue de femme à femme, presque de mère à fille… Quelles relations aviez-vous ?

Oui, c’est tout à fait cela, c’est bien ce que j’ai voulu mettre en scène dans le film.

La sympathie réciproque est évidente et présente depuis le début de la rencontre, à mesure du temps, il y a de l’affection, mais toujours avec une distance, sans impudeur, avec un respect de la vie privée. Je ne prends que ce que l’on me donne, je ne suis pas une fouineuse, je me préserve de l’obscénité au cinéma.

J’ai beaucoup appris durant toutes ces années à se côtoyer, même si la relation reste bien, tout au long où nous nous sommes connues, de celle d’une réalisatrice avec une personne filmée, même si elle s’est transformée à mesure du temps. Je ne sais pas la définir exactement, et je n’en ai pas envie, au fond.

Vous cadrez et faites vous-même le son. Est-ce par un souci de production ou d’intimité entre vous et Nassima Hablal ?

Le dispositif d’origine prévoyait que je sois seule, donc dans une intimité avec Nassima Hablal. L’idée était de faire un film qui se placerait entre le cinéma vérité et le film de famille. Donc non ce n’était pas par souci de production, mais dans l’écriture du film.

J’étais censée cadrer et faire le son. Ce qui n’était pas évident, je le reconnais d’un point de vue physique, gérer le matériel et être avec l’autre, mais pour ce film, c’est ce que j’avais choisi, je n’en fais pas un principe. Et comme le hasard fait bien les choses, les moyens financiers étant faibles, cela tombait bien.

Propos recueillis par e-mails entre le 11 et le 19 avril 2016.

10949 femmes

(Algérie/France – 2014 – 76min)

Scénario et réalisation : Nassima Guessoum

Direction de la photographie : Nassima Guessoum, Houssem Bokhari

Montage : Houssem Bokhari

Avec : Nassima Hablal

Sortie en salles, le 27 avril 2016.

 

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A propos de Thomas Roland

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