Zack Snyder, on l’aime ou on le déteste. Sur Culturopoing, nous apprécions ses capacités à s’adapter à son sujet, mettant en avant tantôt un style très graphique, tantôt un style plus classique et dénué de l’aspect tape à l’oeil. Ayant débuté dans le monde de la pub et des clips vidéos comme bon nombre de ses confrères, il est arrivé au cinéma par le biais de L’Armée des morts, le remake de Zombie (George Romero, 1979), aussi honorable qu’assez oubliable. Son style très flashy ne remporte pas l’adhésion partout mais le cinéaste s’est frayé un chemin malgré tout en restant fidèle à lui-même jusqu’à se voir confier les rênes de cette nouvelle adaptation de Superman. Snyder n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà réalisé deux autres adaptations de comics, Watchmen et 300, autant décriées l’une que l’autre, même si pour ses détracteurs, Watchmen apparaît comme plutôt une bonne surprise au point de le considérer comme un incident de parcours dans sa carrière. Et il y a fort à parier que ce Man of Steel déchaînera de nouveau les passions à l’instar du récent Iron Man 3 dont les libertés artistiques prises par Shane Black avaient dérouté les fans purs et durs.
Pour l’histoire, le scénariste David S. Goyer ne s’est pas basé uniquement sur le premier film de Richard Donner mais il a pioché ici et là dans l’univers de Superman. La planète Krypton se meurt et ses habitants avec. Dans le but de sauver leur nouveau-né, Kal-El, et avec l’espoir de faire renaître leur monde ailleurs, ses parents l’envoient sur Terre. Le général Zod essaie de contrecarrer leur plan mais il est vaincu et condamné au cryosommeil. La destruction totale de Krypton permet à Zod et ses sbires de s’échapper de leur emprisonnement et désormais, son seul but est de retrouver Kal-El et le codex qui contient l’ADN des futurs habitants d’un nouveau Krypton.
La première chose que l’on remarque dans Man of Steel est la volonté de creuser les personnages et d’injecter un peu d’émotion dans les scènes non préoccupées par l’action. Contre toute attente, Snyder se montre très à l’aise dans cet exercice en dépit de quelques lourdeurs d’exposition que l’on imputerait bien au co-producteur Christopher Nolan, coutumier des explications qui traînent en longueur. De ce fait, certaines coupes sont visibles et un peu gênantes dans la progression de l’action sans toutefois complètement déséquilibrer le film. La structure n’est pas linéaire puisque l’histoire est émaillée de flashbacks intégrés de façon fluide et toujours dans un souci de développement qui ne ralentit pas l’action présente, une technique que Snyder maîtrisait déjà dans le complexe Watchmen.
Evidemment, un blockbuster ne se conçoit pas sans scènes d’action et il là, on est servi jusqu’à l’overdose. Le directeur de la photo ayant officié, entre autre, sur Transformers 3 était visiblement le bon choix pour la destruction massive à échelle planétaire. On a rarement vu autant de bastons, d’explosions et d’immeubles réduits en cendres. Le seul bémol est la puissance surhumaine des Kryptoniens dont les coups portés envoient l’adversaire à 50m en un clin d’œil, rendant parfois l’action difficile à suivre mais heureusement, Snyder n’a pas recours aux ralentis soudains et agaçants de 300. Visuellement, son traitement se rapprocherait plus de celui de Watchmen  ses tics s’effaçant au profit de l’histoire. La 3D est agréable et employée à bon escient, ajoutant de la profondeur aux images sans céder à la facilité des effets de style.
Pour les fans, il n’y a qu’un seul Superman et c’est l’acteur Christopher Reeve. Ici, le choix s’est porté sur Henry Cavill, un relatif inconnu du grand public. On a pu le voir dans la série télé Les Tudors et sur grand écran chez Woody Allen (Whatever works) ou Tarsem Singh (Les Immortels). Très à l’aise dans le costume de l’archétype du héros qui œuvre pour le bien jusqu’au désir de se sacrifier pour la survie d’une planète entière, Cavill démontre une présence physique et émotionnelle tout à fait convaincante. Il apparaît comme une force tranquille nullement déstabilisé par son lourd passé, portant sur ses larges épaules la possibilité d’un monde meilleur pour tous.
Tout héros se doit d’avoir une héroïne et celle qui incarne désormais Lois Lane, c’est Amy Adams (La Nuit au musée 2). Mais, encore une fois, on sent la main de Nolan derrière le traitement assez faible de ce personnage féminin souvent présente à l’écran mais qui n’arrive pas à exister pleinement au sein de l’histoire. Une place émotionnelle plus large a été donnée à Diane Lane qui joue le rôle de Martha Kent, la mère adoptive de Kal-El/Clark. Douce et protectrice, elle est présente pour son fils à travers tous les obstacles de la vie, épaulée par son mari Jonathan, interprété avec beaucoup de justesse par Kevin Costner. Snyder va à l’essentiel des relations entre Clark et ses parents adoptifs dans les flashbacks qui, même brefs, contiennent le cœur des difficultés que représentent les super pouvoirs du petit garçon et le simple désir des parents de faire de leur mieux.
Face à Superman, Michael Shannon incarne le Général Zod avec tout le talent qu’on lui connaît déjà (Take Shelter, la série télé Bordwalk Empire). Animé par une passion toute personnelle envers Krypton et sa conviction de détenir la solution idéale pour la survie de son espèce, il ne recule devant rien pour arriver à ses fins. Bien qu’ayant recours à des technologies avancées et ultra performantes, Snyder n’en oublie pas le côté « humain » de ses personnages et l’inévitable confrontation entre Zod et Superman se fait à la seule force de leurs bras (et quelle force !).
Des personnages crédibles, une histoire qui se tient, des visuels spectaculaires et une superbe bande originale composée par Hans Zimmer résument donc le deuxième blockbuster (plutôt) réussi de l’année.

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