Temple Of The Dog – 25è anniversaire, réédition, concerts Etc.

Vingt-cinq ans après sa sortie, l’album de Temple Of The Dog va être réédité en divers formats (et pour divers portefeuilles) en septembre prochain. Pour rappel, il s’agit là du nom du groupe formé à la toute fin de l’année 1990 par Chris Cornell et Matt Cameron de Soundgarden en compagnie de leurs potes Stone Gossard et Jeff Ament, anciennement Mother Love Bone et alors futurs Pearl Jam. Ce projet ponctuel (une existence brève, un seul album rapidement enregistré, peu de concerts, pas de tournée de par le fait, un statut culte devenu, en pleine Grungemania un Top 5 US) a marqué nombre d’esprits et d’oreilles et figure sans l’ombre d’un doute au Panthéon de ce fameux Grunge, tendance mélancolico-agitée. Cette nouvelle est l’occasion de revenir un peu sur ce disque initialement publié en avril 1991.

Dans l’Histoire du rock en général (et du metal en particulier, le printemps 1991 s’apparente au crépuscule des dinosaures du glam/sleaze, genre le plus populaire du moment, peu avant que diverses météorites leur tombent sur le coin du groin, que celles-ci s’appellent Blood Sugar Sex Magik, Black Album, Ten et surtout bien évidemment Nevermind. Pour l’heure, Cherry Pie, Pornograffiti ou encore Damn Yankees et Flesh & Blood font les gros titres et tiennent toujours le haut de l’affiche. Quoique puissent y faire ces cotillons colorés et majoritairement festifs qui monopolisent les sommets des charts, le mois d’avril 1991 reste cependant un mois définitivement marqué par la mort. Le monde du rock y perd en effet son looser magnifique Johnny Thunders, l’ex-guitariste des New York Dolls puis des Heartbreakers, qu’on retrouve overdosé du côté de la Nouvelle-Orléans. Autre disparition, autrement moins discrète, celle du chanteur d’un groupe pionnier du black metal norvégien qui décide d’en finir avec la vie, histoire de régler un conflit larvé et qui n’avait que trop duré entre elle et lui. Dead est le nom du chanteur (suédois) en question, Mayhem est son groupe. Dead se taillade les veines avant de se tirer un coup de fusil en plein visage, laissant à son colocataire Euronymous (guitariste et leader du même Mayhem) un petit mot assez irréel : « Pardon pour tout le sang ». L’histoire ne finit pas là puisque l’infortuné Euronymous se hâte de prendre un cliché de la scène de suicide qu’il vient de découvrir à son retour dans l’appartement, celui-ci finira par être la pochette d’un album bootleg intitulé Dawn Of The Black Hearts, ambiance ambiance. Autre disparition tragique, celle qui afflige Eric Clapton qui affronte ce même mois la terrible épreuve de la perte d’un enfant. Le petit Conor, quatre ans, décède brutalement en chutant accidentellement de l’appartement de son père (une gamelle de quarante-neuf étages tout de même). Le chagrin du malheureux guitariste prendra publiquement la forme d’une chanson, « Tears In Heaven », énorme succès public.

Autre disparition, autre deuil en chanson et même en album, l’aventure Temple Of The Dog, nous y voici.

Voilà un groupe éphémère qui n’est déjà plus lorsque le disque sort dans les bacs, un groupe construit autour des musiciens les plus proches d’Andrew Wood, l’ancien chanteur de Mother Love Bone décédé quelques mois plus tôt d’une overdose. Jeff Ament et Stone Gossard retrouvent dans ce Temple Of The Dog les musiciens de Soundgarden Matt Cameron (batterie) et Chris Cornell (guitare et chant). Ancien colocataire du disparu, c’est d’ailleurs ce dernier qui se trouve à l’initiative du projet, histoire d’exorciser un peu de la peine commune. Sans photos donc mais en musique. Gossard et Ament amènent avec eux deux musiciens avec lesquels ils viennent de démarrer un tout nouveau groupe, bientôt baptisé Pearl Jam. C’est ainsi qu’il nous est donné à entendre pour la première fois ici la guitare de Mick McCready et surtout la voix d’un certain Eddie Vedder, elle qui s’exprime pleinement sur « ‘Hunger Strike » et qui seconde discrètement Cornell ici ou là au fil du disque. Enregistré en quinze petites journées, l’album sort, discrètement, dans les bacs en ce frais mois d’avril de l’année 1991. Temple Of The Dog est son nom, comme celui du groupe ici réuni, une citation directe de la chanson « Man Of Golden Words » de Mother Love Bone. Groupe et disque construits autour du deuil ne veut pas dire forcément que l’album est mortifère ou intégralement plombé de spleen et de pathos.

Si certaines chansons sont directement liées au décès de Wood (« Say Hello 2 Heaven », « Reach Down » ainsi que « Call Me A Dog » et « Times Of Trouble »), les autres ont été composées et enregistrées avec, certes, le décès de Wood dans les esprits, mais sans pour autant y être artistiquement raccordées. Majoritairement fruit du travail de Chris Cornell avec une poignée de chansons apportée par la paire Gossard/Ament, l’album symbolise en fait l’adage voulant que la musique perdure et que la vie continue, même si elle fait mal. Temple Of The Dog est avant tout un disque instinctif et intemporel, bien éloigné des standards d’alors (le joli travail de production de Rick Parashar pour un son globalement très seventies, de Black Sabbath jusqu’à Neil Young), un album en forme de parenthèse, tant désenchantée par son contexte qu’enchantée quand on en déguste les saveurs. Temple Of The Dog s’avère en effet un remarquable one-shot. Le midtempo y domine tout du long, l’occasion pour Cornell (essentiellement) de faire parler son talent de compositeur sur des ambiances beaucoup plus assagies qu’avec Soundgarden, du moins celui qui avait publié Louder Than Love une paire d’années plus tôt et qui s’apprêtait à casser la baraque d’ici l’automne avec Badmotorfinger. C’est ainsi que des ballades électrifiées (« Say Hello 2 Heaven », « Times Of Trouble », « All Night Thing » ou encore « Four Walled Word » et le poignant « Call Me A Dog ») se mêlent harmonieusement à des pièces modestement (et superbement) rythmées qui viennent s’ajouter à cette ronde triste comme « Wooden Jesus » et surtout le mémorable « Hunger Strike » et son petit crescendo à donner le frisson. En quelques occasions toutefois, les guitares s’alourdissent comme sur les groovy « Pushin’ Forward Back » et « Your Savior », ou encore le gargantuesque « Reach Down » et ses onze minutes qui, sous un ciel mélancolique, débutent sous la lourdeur Sabbathienne avant de faire dans l’envolée psychédélique de premier choix.

Point commun à toutes ses chansons, la voix assez sensationnelle de Chris Cornell, entre lyrisme jamais pompier et véritables cris du cœur. Sortie plus ou moins en catimini, la vie commerciale de Temple Of The Dog s’évapore doucement au fil des semaines avant, subitement, de reverdir de plus belle près d’un an après sa première sortie avec un nouvel et massif achalandage, nous serons alors (devinez donc) au cœur de l’année 1992 et tant Soundgarden que Pearl Jam seront, il est vrai, alors en pleine essorage médiatique. C’est ainsi que Temple Of The Dog ira jusqu’à un superbe Top 5 des charts américains (quand même) et un disque de platine à la clé, la vidéo de « Hunger Strike » (tournée à l’occasion de la nouvelle sortie du disque) tournant alors abondamment sur MTV entre (par exemple) celle de « Jeremy » ou encore celle de « Jesus Christ Pose ».

Depuis, les uns et les autres ont rejoint la grande et clinquante caravane du rock, du moins celles des premiers rôles et des têtes de gondole. Soundgarden est ressorti du bois, entre deux projets solo de Cornell, qu’ils soient musicaux (des disques, des chansons, des concerts) ou pas (des investissements dans des restaurants de luxe). Pearl Jam poursuit son bonhomme de chemin avec bonheur, celui que les musiciens, Vedder en premier lieu, n’osaient rêver en pleine folie Grunge, un parcours discret mais suivi avec passion par un public nombreux et fidèle, un rêve de carrière vraiment.

Cette année anniversaire voit donc l’album de Temple Of The Dog publié en de nombreux formats, tous disponibles à cette adresse

La tournée occupera le groupe au mois de novembre prochain (sans Eddie Vedder soit dit en passant), un touring modeste dans le nombre mais non dans le choix des dates, les prestigieux Forum de Los Angeles et Madison Square Garden de New York étant ainsi visités !!

Nov. 4 — Tower Theatre, Philadelphia
Nov. 7 — Madison Square Garden, New York
Nov. 11 — Bill Graham Civic Center, San Francisco
Nov. 14 — The Forum, Los Angeles
Nov. 20 — Paramount Theater, Seattle


 

 

© Tous droits réservés. Culturopoing.com est un site intégralement bénévole (Association de loi 1901) et respecte les droits d’auteur, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos visibles sur le site ne sont là qu’à titre illustratif, non dans un but d’exploitation commerciale et ne sont pas la propriété de Culturopoing. Néanmoins, si une photographie avait malgré tout échappé à notre contrôle, elle sera de fait enlevée immédiatement. Nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur – anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe.
Merci de contacter Bruno Piszczorowicz (lebornu@hotmail.com) ou Olivier Rossignot (culturopoingcinema@gmail.com).

A propos de Bruno Piszorowicz

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.