James Williamson – « Re-Licked »

Doit-on rappeler le pédigrée de James Williamson ? Le guitariste qui illumine , c’est lui. Rien que cela suffit à situer le niveau du bonhomme. Le voici qui sort son disque : Re-Licked. Des morceaux de ce qui devait constituer le quatrième album des Stooges. Des morceaux qu’on n’avait entendus, jusqu’à présent, que sur des disques à la provenance douteuse, et dans des versions au son généralement pourri. Désormais, grâce à Williamson, ils sont disponibles dans toute leur splendeur. Et c’est ce qui s’appelle une magistrale leçon de rock ‘n’ roll.

James Williamson a relevé deux défis et les a gagnés avec brio. Le premier, c’est que si les Stooges actuels sont présents sur le disque, l’Iguane n’est pas de la partie. Tant pis. Tant mieux. Re-Licked, c’est le projet de Williamson et ça s’entend. Le deuxième, c’est qu’il s’est « borné » à faire ce qu’il sait faire : être un guitariste au talent exceptionnel. Il n’a pas cherché à chanter. Peut-être chante-t-il bien, je n’en sais rien, mais là, il s’agit de se mettre au niveau d’Iggy Pop. Pour ça, chanter bien ne suffit pas, il faut posséder une classe rare. Du coup, le James (Williamson, pas Osterberg) nous a concocté un générique de rêve, avec un panel de chanteurs et chanteuses, qui, sans doute tout à la joie de prendre à bras le corps un tel répertoire, se donnent à 200 %.

Cinq chansons et demie sur seize (bonus inclus) sont interprétées par des femmes. La demie, c’est un duo femme/homme, « Wild Love », par Alison Mosshart et Mark Lanegan. Ces chanteuses mettent le feu au disque. Peut-être parce qu’elles n’ont pas, niveau tessiture, l’ombre de l’Iguane qui plane au-dessus d’elles, elles se lâchent complètement et explosent littéralement les morceaux auxquels elles s’attaquent. Carolyn Wonderland (qui porte bien son nom), vous donne le frisson avec « Open Up And Bleed » et « Gimme Some Skin ». Alison Mosshart (The Kills, Deadweather) pare « Til The End Of The Night » d’une beauté tragique magnifique. Quant à Lisa Kekaula (The Bellrays), cette femme est-elle une chanteuse ou une bombe à fragmentation (ce serait alors la première fois que j’aimerais une bombe à fragmentation) ? Ses versions de « I Gotta Right » et « Heavy Liquid » sont sublimes ! (avec, de façon tout à fait personnelle, une petite préférence pour « Heavy Liquid » et ses cuivres rhythm‘n’blues qui s’intègrent parfaitement au mur du son rock‘n’roll qu’orchestre Williamson).

Du côté des garçons, c’est bien aussi, rassurez-vous. Jello Biafra (The Dead Kennedys) qui chante les Stooges, ça vous fait envie ? Tant mieux, parce que c’est lui qui ouvre le disque avec un « Head On The Curve » terrassant. Bobby Gillespie (Primal Scream), quelqu’un qui sait ce qu’oser signifie, et que j’aime pour ça, nous offre un « Scene Of The Crime » renversant. Pour ce qui est des autres, aucune faiblesse à signaler. Au contraire, chacun a mis un point d’honneur à être au top. Citons-les, pour le plaisir : Ariel Pink, Joe Cardamone (The Icarus Line), Mark Lanegan (The Screaming Trees), Ron Young (Little Caesar), Mario Cuomo (The Orwells), Nicke Andersson (The Hellacopters), The Richmond Sluts, Gary Floyd (The Dicks) et JG Thirllwell (Foetus).

Quant à James Williamson lui-même, c’est à un festival de guitare qu’il nous convie. Puissance brute et énergie, riffs d’enfer et, comme pour « Til The End Of The Night » et « I’m Sick Of You », des passages plus (faussement) calmes et parfaitement vénéneux (dans la lignée de « Gimme Danger ». Les chansons, elles, ne sont aucunement des fonds de tiroirs, bien au contraire. C’est là qu’on réalise la chance qu’on a de tenir Re-Licked entre les mains. Un disque dont on n’a pas fini de parler et qu’on n’a pas fini d’écouter. Un must !

Eric Tessier

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