Alessandro Stradella – « La forza delle stelle » (Mare Nostrum, 2013).

La force du dessein

Stradella ou la double vie. Qui l’eût cru ? Serviteur de Dieu par la musique, escroc probable et soupçonné d’avoir volé l’Eglise, le compositeur finit sa course dans une petite ruelle à Gênes. Assassiné mais immortel, l’inventeur du Concerto grosso a écrit à profusion à réaction : cantates et opéras, oratorios, motets… Jusqu’à ce que l’histoire ne s’empare de la sienne pour la donner sur scène ! La Forza delle Stelle, puissances des étoiles. Mare Nostrum interprète une sérénade qui parle de guerre, de dieu et des mondes. Forme quasi cinématographique pour camerata qui claque.

Musique que vous ne connaissez pas. A trois, retournez-vous ; l’étoile est toujours là.

Méridionale et pas polaire pour une ourse… mais tout dessin mène à Rome. Archéologue et visionnaire, notre mer qui est aux yeux ce que l’harmonie est à l’oreille rebelle. Alors si vous n’aimez pas, vous aimerez ce Stradella.

L’argument puise à la source des mondes renversés : décollage immédiat pour astres oubliés. Mais invoqués quand tout va mal. Entrée en atmosphères sur fond dissonant baroque, plafond bas et voix hautes.

Nuances ! Subrepticement négociées, elles déploient démarches harmoniques singulières et célestes, moyennant vides et moitié-pleins. Barock, l’esthétique est justement servie par des voix calibrées pour l’exercice – la maîtrise de ce répertoire n’est cependant plus un secret, puisque Mare Nostrum enchante depuis plusieurs années lumières méconnaisseurs et profanes. Maître dans l’art des contrastes sensés, Andrea de Carlo dirige des musiciens pour qui les arcanes romaines n’ont pas de secret qui le reste. Au total, l’ensemble des instruments réussit à faire entendre sa voix dans un univers en proie aux changements d’humeurs atomiques. Certaines séquences, graves et ravissantes donnent à l’éther l’épaisseur de la terre.

Il arrive même que l’on croie, ici-bas, que la terre tourne autour des planètes-étoiles au diapason des affetti. Le souffle s’engouffre dans les moindres arias, les récitatifs d’enfer et le ciel moins étain. De l’ensemble s’extrait le grand clerc obscur qui gouverne les dessins.

A la fin de l’envol, vous ne rêvez plus ; vous avez marché sur la lune. Cette année encore, La Force des étoiles est votre meilleur horoscope.

Alessandro Stradella : La forza delle stelle. Ensemble Mare Nostrum. Andre De Carlo, direction. 1 cd Arcana.

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