L’ancien chanteur des Stone Temple Pilots puis de Velvet Revolver Scott Weiland a été retrouvé mort dans le tour bus de son projet actuel, Scott Weiland & The Wildabouts, et alors que le groupe écumait le territoire américain pour promouvoir son album Blaster et se trouvait alors dans la petite ville de Bloomington, Minnesota. L’agité et tourmenté chanteur aura donc été rattrapé, d’une manière ou d’une autre (les raisons de sa mort étant encore inconnues à cette heure), par ses tourments opiacés qui l’accompagnaient depuis plus de vingt-cinq ans maintenant.

Weiland s’est en effet fait connaître dans les années 90 en qualité de chanteur des Stone Temple Pilots, combo originaire de San Diego en Californie et au succès aussi massif que contesté au cours de la pleine décennie. Sorti à la rentrée 1992, le premier album du groupe Core parvînt de suite à sortir du lot grâce en partie à la voix superbe et marquante de Scott Weiland, vrai point d’attraction du groupe avec son chant habité et versatile, aussi à l’aise dans le rentre-dedans que dans la douceur et sans jamais que sa voix ne tombe à côté, ne sonne forcée ou ne vienne fragiliser un ensemble musical par ailleurs savamment touffu et diversifié. Le groupe sera propulsé dans les plus hautes sphères commerciales avec le succès immense du single « Plush »[1], l’ambiance très proche de Pearl Jam de ce dernier sera pour beaucoup dans la mauvaise réputation que va dès lors se coltiner le groupe (et son chanteur), celle de suceurs de roue du grunge pour un groupe accusé de prendre le train en marche avec opportunisme et artificialité. Cela n’empêchera cependant pas le succès d’être au rendez-vous, loin de là. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde (Top 3 US par exemple et huit fois platine à ce jour là-bas), Core sera suivi en juin 1994 d’un Purple couronné à son tour d’or et de platine, l’album touchant également à cette occasion la première place du Billboard américain la semaine de sa sortie. Purple ouvre davantage l’éventail musical des STP en déployant un ensemble fort réussi d’ambiances sensiblement plus personnelles, de la finesse mélancolique de « Big Empy » (présente cette même année sur la bande-son du film culte The Crow) à la furieuse classe rock de « Vasoline ». Les choses se gâtent par la suite, en particulier lors des sessions du troisième album, Tiny Music, à paraître en 1996 et dont le joli succès (Top 4 US, double platine là-bas) n’empêchera pas le groupe de mettre un temps sa carrière entre parenthèse, les « affaires » de Weiland (arrêté peu avant l’enregistrement de l’album avec de la cocaïne et de l’héroïne sur lui) prenant cette fois le pas sur l’osmose et la créativité collectives. Weiland ne reste toutefois pas inactif durant cette parenthèse et enregistre un album solo avant que Stone Temple Pilots ne sorte à la toute fin de la décennie un quatrième album sobrement intitulé 4, à son tour platine, même si le succès va decrescendo et que les heurts s’accumulent (plusieurs mois de prison pour Weiland par exemple). La sortie du cinquième album Shangri-La Dee Da en 2001  scellera cette fois définitivement le sort du groupe qui se sépare à la suite de la tournée promo le concernant.

stone temple pilots

Weiland va ensuite s’associer au supergroupe Velvet Revolver, starring Slash, Duff et Matt Sorum de Guns N’Roses, pour sortir deux albums de rock couillu et mémorable à une époque (nous parlons là des années 2000) où le rock semblait redevenir à la mode, sous la houlette de groupes propres sur eux et bien peignés comme il faut. Au cœur de ce tumulte manucuré (les Strokes) ou minimaliste (les White Stripes), le Velvet Revolver est alors LE groupe qui contribue à célébrer les joies du classic rock, à mi-chemin entre le rock des années 70 et celui plus flashy (et musclé) de la décade suivante. Deux albums, dont l’excellent et introductif Contraband (paf, Top 1 US à son tour) vont ainsi rythmer la décennie 2000 avant qu’un hiatus conséquent n’interrompe cette belle trajectoire, devinez à cause de qui, devinez aussi à cause de quoi, hum hum.

S’en suivra alors le passage presque obligé des rockstars en goguette au pays de la quarantaine, à savoir un mix entre reformation jackpot (Stone Temple Pilots repart sur les scènes en 2008 et sort même un album éponyme deux années plus tard) et projets solo ou bien collégiaux plus personnels (deux nouveaux albums solo pour Weiland, sans compter le tout récent projet The Wildabouts ou un album en tant que chanteur du groupe Art Of Anarchy). Weiland quittera cependant les Stone Temple Pilots en 2013, cette fois pour de bon, ce sera d’ailleurs Chester de Linkin’ Park qui prendra alors sa place au micro. Voilà au final un parcours pas si hiératique que ça, même si la ligne droite sembla n’intéresser le pauvre Weiland que sous la forme d’un rail de cocaïne. Il reste en tous les cas une poignée conséquente d’albums et de chansons pour accompagner, longtemps encore, les amoureux des voix mémorables, celle de Weiland ne sera pas oubliée.

L'album de Scott Weiland & The Wildabouts

L’album de Scott Weiland & The Wildabouts

Si le nom de Stone Temple Pilots est spontanément associé au mouvement grunge, avec toutes les limites qu’une notion aussi disparate et artificielle peut donner, celui de son chanteur se place à vrai dire à mi-chemin entre celui de Layne Staley d’Alice In Chains et de Jani Lane de Warrant. Au premier en effet, l’idée d’un chanteur à la carrière chaotique, sinon avortée, par sa lourde dépendance à la drogue. Au second celle d’un chanteur malmené par les critiques et une bonne partie du public sous l’angle d’une imposture (au pire), sinon d’un opportuniste bien trop cynique pour ne pas être relevé et reproché (l’inconséquent « Cherry Pie » d’un côté et la patine grunge à la Pearl Jam/Alice In Chains[2] du premier album des STP de l’autre). Il reste pourtant dans ces trois trajectoires brisées un talent indéniable et une substance (sans jeu de mots) certaine qui aura traversé avec bonheur les années et les modes.

Tout comme Jani Lane et Layne Staley, Scott Weiland nous quitte avant ses 50 ans. Ironie du sort, il avait publié en 1992 une autobiographie au titre aujourd’hui glaçant : Not Dead & Not For Sale.

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[1] La chanson fera gagner au groupe le prestigieux Grammy Award de la Best Hard Rock Performance de 1993, devant AC/DC, Living Colour, Robert Plant et les Smashing Pumpkins !

[2] Le premier album des Stone Temple Pilots est d’ailleurs sorti le même jour que l’album Dirt d’Alice In Chains, celui de son explosion médiatique.

 

 


Quelques chansons sur lesquelles figurent Scott Weiland en guise de bref panorama de sa carrière :

 

 

 

 

 

 

 

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