Deniz Tek + James Williamson – « Acoustic K.O. »

James Williamson, l’un des deux guitaristes mythiques des Stooges – l’autre étant Ron Asheton -, nous gratifie aujourd’hui d’un EP comprenant quatre morceaux : deux reprises de l’album Raw Power (1973) et deux reprises de l’album Kill City (1975-1977).
Il le fait en collaboration avec Deniz Tek, un chanteur-guitariste de la même génération que lui. Si Williamson est né en 1949 au Texas, Tek est né, lui, en 1952 à Ann Arbor, la cité du Michigan qu’Iggy Pop connaît bien et chante dans le premier album des Stooges. Très jeune, Tek émigre en Australie. Parmi les formations les plus connues dans lesquelles il a officié, il y a Radio Birdman, et The New Race qui compta parmi ses membres Ron Asheton, et Dennis Thomson, ex-batteur des MC5.

Williamson et Tek ont eu l’idée de travailler ensemble après s’être rencontrés à Ann Harbour, en 2011, à l’occasion d’un hommage rendu à Ron Asheton qui est décédé en 2009.
Par son titre, le disque mentionne explicitement son style : Acoustic K.O…. En référence, donc, à celui du fameux live chao-tique des Stooges, Metallic K.O. – sorti en 1976 sur le label français Skydog.
On est donc loin de Re-licked, album très électrique, sur lequel Williamson avait repris en 2014 – avec l’aide de divers chanteurs et chanteuses – des morceaux des Stooges pour la plupart écrits, enregistrés sous forme de démo, ou joués en live après l’enregistrement de Raw Power et avant que le groupe ne se sépare – en 1975 (La chronique de Re-licked par Éric Tessier est ICI).

Du brûlant, rageur Raw Power, le duo a tiré I Need Somebody et Penetration. Du rolling stonien et malheureusement trop méconnu Kill City, album signé Pop et Williamson et conçu après la séparation des Stooges, il a choisi Night Theme (en écoute ci-dessous) et No Sense Of Crime. Tous ces morceaux ont été co-écrits à l’origine par Williamson.

Pour apprécier les deux premiers titres, il faut évidemment oublier la voix de l’Iguane, même si ce ne sont pas les plus incendiaires figurant sur Raw Power qui ont été sélectionnés. On peut de façon tout à fait compréhensible rester hermétique au chant de Tek qui ne brille pas par son animalité punk. Mais une fois le cap des premières écoutes franchi, on accrochera éventuellement à l’esprit blues dans lequel baigne notamment la nouvelle mouture de I Need Somebody. Un esprit qui était en germe dans la version originale. On imagine assez bien un Tom Waits chanter sur ce titre. Une dimension hypnotique intéressante est créée ou restituée par les percussions simples, froides et dures de Michael Urbano.
Même ressenti positif, grosso modo, pour ce qui concerne Penetration. Le riff ne souffre pas de son traitement à la guitare sèche, car le jeu est excellemment rythmé. Un bel équilibre est créé entre les aigus, entre autres ceux de la harpe, et correspondant à un motif un peu cristallin, mais assez lointain dans la version d’origine – on connaît le mixage hors-normes de David Bowie -, et les graves des cuivres. Même retravaillé en acoustique, le morceau finit de façon relativement apocalyptique – dans les limites du registre qui est celui de ce disque -, quand tous les instruments s’entremêlent, et que perce la voix de Petra Haden – chanteuse et violoniste, travaillant principalement dans le domaine du jazz.

On pourrait assez bien imaginer ces deux versions des morceaux de Raw Power présents dans Kill City.

Pour Night Theme, Williamson a, en revanche et paradoxalement, sorti la grosse artillerie classique. Dans Kill City, cette pièce instrumentale était assez douce – même si le son de l’album était rêche dans son ensemble… Elle oscillait entre l’acoustique et l’électrique, était presque intimiste. Ici, un orchestre fourni, le Awesöme Orchestra de la Baie de San Francisco et Petra Haden, donne une emphase symphonique et opératique inattendue à l’ensemble. Tout en gardant la touche mélancolique initiale, les musiciens font franchir à l’auditeur des montagnes russes et romantiques. On appréciera ou pas, mais le parti pris est original.
Avec No Sense Of Crime, on revient un tant soit peu à l’esprit de Kill City, mais avec une orchestration plus précise, claire et martiale – le violon, mixé en avant, remplaçant les guitares flottantes et glissantes d’antan.
Rien ne vaudra jamais l’original, évidemment, mais on saura gré à James Williamson de redonner vie à un morceau qui gagne à être connu et reconnu…

Disponible
en version numérique et en vinyle : cf. notamment ICI

 

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