Retour sur « L’ange gardien » : entretien avec Jerome Leroy.

Figure atypique du polar, Jérôme Leroy avait détonné dans le paysage littéraire français avec la sortie du Bloc en 2012. A l’occasion de son nouveau roman L’ange gardien, il m’a accordé un peu de son temps pour répondre à quelques questions.

– Votre précédent livre, « le Bloc » décrivait l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir dans une ambiance de fin de règne chaotique. Dans votre dernier livre, « l’ange gardien » certains personnages réapparaissent au détour d’une action. Doit-on voir une continuité entre ces deux romans ? Avez-vous pensé « l’Ange gardien » comme un prélude au « Bloc » ?

 Non, pas vraiment. En fait, l’idée de faire réapparaitre des personnages principaux d’un roman comme des personnages secondaires d’un autre ne datent pas d’hier mais de Balzac. C’est pour donner, ou essayer de donner en ce qui me concerne, sur deux romans, et peut-être plus ensuite l’impression au lecteur qu’il évolue dans un univers cohérent, un monde qui est le mien et qui obéit à ses lois internes.

– Par votre style et vos affinités politiques vous inscrivez vos romans dans la lignée du néo-polar français. On pense notamment à Jean-Bernard Pouy, Thierry Jonquet, Patrick Raynal, Cesare Battisti… Estimez-vous appartenir à cette mouvance littéraire ?

Même si ça recouvre des tempéraments littéraires très différents, il y a bien un néo-polar qui est en fait, dans les années 1970 et sous l’impulsion de ce génie qu’était Manchette, une réactivation du roman noir américain comme critique sociale (Hammett). Je m’inscris dans cette tradition, bien sûr, même si les choses ont changé. L’outil me semble bon ! Et puis vous avez oublié, dans cette génération, de citer celui qui m’est le plus cher, qui était un ami, Frédéric Fajardie, mort en 2008.

– Néanmoins, votre empathie pour les supposés « méchants » vous distingue de vos confrères. Peu de vos personnages inspirent au lecteur un profond dégoût. Comment expliquez-vous cette bienveillance pour les « salauds » ?

Parce qu’il n’y a pas de salauds ! Je veux dire pas de salauds complets. Même ceux qu’on considère comme des monstres, sur le plan politique ou personnel, ont leurs bons côtés et participent d’une humanité commune. C’est bien plus inquiétant que la vision manichéenne qui prévaut souvent dans le polar. Je pense que le roman noir est une littérature adulte et anxiogène. Ce ne sont pas forcément les gentils qui gagnent à la fin ou alors pour gagner, c’est qu’ils n’ont pas utilisé des méthodes de gentils. Ce n’est pas de la bienveillance de ma part, c’est du réalisme !

– Avec le personnage de Martin Joubert (ancien prof communiste devenu écrivain et collaborant à une revue de droite) doit-on voir en filigrane un coté autobiographique ou ceci relève-t-il d’une subjectivité  du lecteur ?

Pas plus qu’avec Berthet ou Kardiatou. On peut toujours s’amuser à ça mais moi, ce qui m’intéresse et ce qui intéresse les écrivains en général, c’est de mettre de soi dans tous les personnages. Un écrivain, pour moi, il doit être capable de se mettre dans la peau d’un fasciste, d’une fille de 17 ans ou d’un chien.

-Vous avez parlé de votre intention de réaliser une « Comédie humaine noire ». Avez-vous une idée de votre prochain roman ?

Oui, mais c’est no comment. Superstition, toujours…

La critique de L’ange Gardien c’est ici

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A propos de Julien CASSEFIERES

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